L'age de la modernité

L'age de la modernité.

Au milieu du siècle et surtout avec Baudelaire, le concept de modernité entre dans la poésie et dans l'art. Le monde se veut moderne et les artistes se voudront artisans de nouveaux modes d'être, en faisant de la poésie le champ d'une expérimentation nouvelle.

Le Parnasse.

L'expression l'art pour l'art, qui résume les convictions parnassiennes, est de Victor Hugo : la réaction contre le romantisme qui conduit à  la constitution du Parnasse vient donc du mouvement romantique. Les poètes en réaction contre le romantisme se donnèrent d'abord des étiquettes variées : stylistes, impassibles. C'est dans les années 1860 que le nom de Parnasse s'impose, du nom de la colline grecque abritant les Muses.

Si les participants du groupe des Parnassiens se sont réunis c'est parce qu'au delà de leurs différences sensibles ils avaient un certain nombre de convictions communes. Ces convictions sont de réactions contre un romantisme jugé dépassé. Aux excès du moi ces poètes opposent le recours à l'impersonnalité, à la contingence de l'existence et de l'art ils opposent une mystique de la beauté, contre la facilité des épanchements lyriques ils dressent le culte du travail.

Les Parnassiens ont réagi contre les excès de la sensibilité romantique et le pathétique qu'ils jugent dérisoire et indécent. Ils veulent que la poésie soit impersonnelle : la beauté éternelle doit être au centre. C'est un objet qu'il faut fêter et montrer, en mettant toute son énergie à son service.

Tous s'accordent pour dire que l'émotion  doit se soumettre à la loi de la forme : les Parnassiens cherchent l'expression de la beauté absolue, dans la perfection et l'évidence d'une forme idéale. N'ayant d'autre fin que la beauté, la poésie resserre ses liens avec les arts plastiques.

Pour conquérir la beauté, l'artiste ne doit rien négliger, rien laisser au hasard. Le travail de la forme, les recherches techniques deviennent essentielles. Certains annoncent la réconciliation de l'art et de la science : l'acte poétique pourrait devenir une sorte de mathématique du rythme.

La beauté recherchée doit être libérée de toute attache, de toute soumission à autre chose qu'elle même. Pour les Parnassiens l'art est par nature désintéressé, on ne doit lui proposer aucun but utile. L'art doit demeurer indépendant de la morale et de la politique, il ne privilégiera que les sensations données par les objets qu'il crée.

Le Symbolisme.

Le symbolisme nait officiellement le 18 septembre 1886, quand Jean Moréas publie un article intitulé Le symbolisme. Cet article est reçu comme le manifeste de l'école poétique nouvelle. Nourri d'inquiétudes et de curiosité métaphysique, le symbolisme voit dans l'art la voie qui permet de voir et dévoiler le sens caché dans les choses, dans le monde et les êtres qui le peuplent. Le symbolisme propose un regard, sous lequel le monde devient signe, symbole d'un sens, d'une idée.

Le symbolisme est un grand courant d'esprit idéaliste : pour les symbolistes, la poésie est un moyen de connaissance qui mène à l'absolu. La poésie se veut suggestive et musicale pour atteindre, au delà des apparences, le mystère des choses. Pour les symbolistes, le monde n'est pas réductible à la matière : il est fait des représentations que nous en avons, des signes dont nous le jalonnons.

La poésie n'est pas un art pour tous, mais une activité spirituelle réservée à  une élite, car il s'agit de pénétrer le mystère du monde en surmontant l'obstacle des apparences (hermétisme).

La poésie évoque et donne déjà l'autre monde. L'art est le moyen d'atteindre une transcendance mystérieuse. L'art est ainsi une sorte de religion nouvelle, qui conduit vers le sacré. Ce sacré n'est pas fourni comme un objet manipulable, il est plutôt promis : l'artiste se sent et fait sentir qu'il s'agit là d'un mystère, que l'on peut approcher, et non maitriser comme la science maitrise ses objets.

Promettre le sacré c'est aller vers la technique de la suggestion : la suggestion donne en retenant, là où la uration réaliste prétend donner en épuisant son sujet. Un réel uré porte l'esprit vers un univers idéal, rend celui-ci accessible. La suggestion peut aussi s'exercer par la musique même du poème.